Logo de 'Libre Comme Une', une association située à Le Chastang. Illustré par un arbre stylisé avec des feuilles et un oiseau en vol, symbolisant la liberté et la communauté naturelle.

Les cafés associatifs poussent comme des champignons !

En Corrèze, les initiatives citoyennes, associatives, avec beaucoup, un peu ou sans appui des municipalités, fleurissent partout sur le département. Voyons deux exemples, l’un près de Tulle et l’autre à quelques kilomètres de Meymac.

On commence avec Libre comme une. L’association est basée sur la commune du Chastang, célèbre pour son « lac » du Coiroux, à 2 kilomètres du bourg.
Et, début décembre, assis à la table devant un petit café, je laisse la parole rapidement à Mathilde, la présidente.

‒ Un peu d’histoire, comment est née l’association ?
« En 2020. Un petit groupe d’amis, d’habitants, constate qu’il n’y a plus rien dans le village, ni école, ni commerces, ni comité des fêtes ! L’ancienne école pourrait faire un lieu de vie intéressant…
Une nouvelle équipe municipale est élue,
nous sommes soutenus dans la réflexion et les recherches ; le projet démarre.
Des travaux importants étaient nécessaires, les planchers de l’école s’effondraient ! Nous avons donc monté un projet Cœur de bourg  dynamisation des territoires  avec trois espaces : le café associatif et l’épicerie participative, et la maison des associations.
Les adhérents ont participé aux gros travaux de démolition, préparé le terrain pour économiser sur l’enveloppe globale. La Mairie a pu obtenir des aides spécifiques puisque c’était un projet associatif. Le loyer est gratuit pour trois ans, puis il y aura un petit loyer. Les adhésions, et les marges sur le café associatif permettront de payer les charges d’assurance, d’électricité, Internet, banque…
Pour monter le projet, nous avons rencontré et travaillé avec deux associations, nationales, qui accompagnent les mairies des milieux ruraux dans leurs projets d’épiceries participatives, mais aussi d’installation de médecin, ou de réseau de transport en commun… : Bouge ton coq, et Mon Épi qui propose un système et un logiciel de gestion des épiceries. »

Olivier, vice-président, acquiesce et continue :
« On était paumés et ces assos nous ont bien aidés, nous n’étions qu’une dizaine au démarrage… Bouge ton coq a contacté toutes les mairies de Corrèze1 et les a rassurées. Les gens participent à un projet collectif et trouvent des outils de facilitation de gestion (planning d’ouverture, inscriptions, etc.), le logiciel est gratuit, il est connecté avec les autres mairies, par exemple pour les références de tel ou tel produit… »
Il faut être adhérent pour avoir accès à l’épicerie. C’est 15 euros l’adhésion, ou 20 euros par famille. Et 2 heures de participation par mois : permanences (les personnes de plus de 70 ans n’y sont pas obligées), ménage, transport des marchandises… En échange, les produits sont à prix coûtant. Le café associatif, lui, est libre, ouvert à tous et toutes. Il a même la licence IV ‒ attribuée par la Mairie selon certaines règles ‒ mais, aux dires de la présidente, il y a très peu d’alcools forts servis, et jamais de problème.

Le café-épicerie a été inauguré le 15 avril 2023, il est ouvert les samedis matin et dimanches matin. De nombreux évènements ont été organisés depuis : concert, avec la FAL2, vide-grenier, soirée jeux de société, fête de la musique, bal trad, retransmission d’évènements sportifs, marché de Noël… Tout est possible ! Des ateliers ont eu lieu avec l’association Zéro déchet de Brive, une boite à livre fonctionne (on prend, on donne, on rapporte ou non), une gratiféria existe également pour les vêtements (en bon état SVP) et les objets non encombrants (même système de fonctionnement).

Quelques personnes présentes apportent leurs témoignages :
« C’est inter-générationnel, il y a de la vie ! conclut Olivier. On fait connaissance, on se croise, des amitiés se créent. Cela permet même des trocs, de l’ail contre des confitures-maison ! » Quatre autres personnes assises autour d’une table, ajoutent : « On est là depuis le début ; les jeunes ont participé à la démolition… et nous on vient régulièrement.Moi je tiens le bar ; c’est mon mari !Et moi l’épicerie, chacun son monde ! C’est un beau projet, c’est sympa de retrouver ce qu’il y avait dans le temps ! » Thomas, qui vient de passer par l’épicerie, grignote quelques noisettes… « J’ai mes habitudes ici ; c’est mon bol d’air, une bulle, entouré de gens sympas… convivialité, simplicité et gentillesse… »

* * *

On continue avec Marlène, membre de la collégiale du café associatif La Maison sur la place à Ambrugeat, encore un petit village à proximité d’un lac ‒ Sèchemailles ‒ près de Meymac. Interview effectuée par téléphone.

L’idée est venue fin 2017 quand le café du bourg a fermé… L’association a été créée en juin 2018. Nous avons profité de l’aide d’un DLA3 pour écrire le projet, et, en décembre 2019, le bâtiment a été acheté par l’Arban4 ; une coopérative SCIC a été créée. Nous nous sommes occupés de la rénovation, avec une contrainte écologique. L’Arban a financé les matériaux. Les travaux ont été freinés par le Covid… mais on avait une envie très forte d’ouvrir rapidement ! Le CA de l’asso a été bien renouvelé en 2022, et il fonctionne en collégiale.

Le café est ouvert depuis le 26 juin 2021, les vendredis, samedis et dimanches. L’adhésion est obligatoire. Une salariée a été embauchée en février, en contrat de 20 heures, pour s’occuper de l’administration (infos, gestion des ouvertures et de la petite restauration, comptabilité…).
On a un bail à vie, et un prêt à rembourser.

Notre public est très varié, allant des gens d’ici et des communes d’alentour, réguliers, aux personnes venues d’ailleurs, présentes l’été (le lac n’étant pas loin), qui ont participé à la campagne d’auto-financement…
Les gens arrivent, un lien se crée, puis c’est comme à la maison ! Les activités sont elles aussi très variées, concerts, spectacles, jeux (rendez-vous devenus informels), ateliers divers (hors horaires d’ouverture), Qi gong, occitan… Ils sont gratuits, à prix libre ou payants. Au début nous organisions des concerts chaque week-end, on a baissé le rythme, trop d’énergie bénévole dépensée ! Nous fonctionnons grâce à sept commissions thématiques, par exemple Programmation, qui réunit huit personnes avec un référent membre du CA.
Six à sept bénévoles assurent les permanences. Nous n’avons pas la licence IV, nous sommes référencés Espace de vie sociale et la bière et le vin sont bien suffisants ! Tout se passe avec beaucoup de bienveillance et il n’y a jamais eu de problème.

Nous sommes autonomes financièrement depuis juillet, et nous sommes très prudents question budget. De toute façon on n’est pas là pour faire de l’argent à tout prix.En fait, le territoire est très riche en initiatives, tous ces cafés répondent à des besoins d’espace social et de rencontre.

CHRISTOPHE RASTOLL

1. Deux autres « Épis » sont en cours de montage, à Orliac-de-Bar et à Monceaux-sur-Dordogne.

2. Fédération des Associations Laïques.

3. Dispositif Local d’Accompagnement, des projets associatifs.

4. Voir les explications sur cette foncière dans La Trousse n° 48 ; elle a aidé l’asso La Calade.

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