Le 10 février avait lieu une réunion publique, à l’initiative d’un collectif citoyen d’habitants, à Rosiers-d’Égletons, la première qui ait été organisée sur le territoire depuis trois ans sur le sujet. Ni la communauté de communes (comcom) ni l’entreprise n’ont eu le courage d’en proposer une, une vraie, contradictoire, sur un projet qui impacte tout le territoire et toute la forêt limousine.
Ce 10 février 2024, près de 200 personnes sont venues, de toute la Corrèze et certaines de Creuse. Aucun représentant de l’entreprise, aucun élu favorable au projet. Beaucoup d’interventions de la salle, mais dommage, aucun argument en faveur de l’agrandissement de la scierie.
Pour bien décrire le positionnement démocratique d’un certain nombre de responsables locaux, précisons un peu les choses parce que le ridicule côtoie l’irresponsabilité : le 1er décembre 2022 lors de la manifestation départementale à Égletons contre le projet d’agrandissement, la Mairie était fermée et aucun élu n’a accepté de recevoir une délégation. Le 23 novembre 2023 à Lapleau, même comportement, les bureaux de la comcom étaient fermés et les salariés avaient eu leur journée ! En février 2024 donc, même attitude de déni et de mépris, malgré les invitations et tentatives de contact.
Un argumentaire unilatéral mais solide
La réunion d’information et d’échanges du 10 février a été rigoureusement préparée avec un exposé sur la forêt limousine, tableaux et chiffres à l’appui, provenant de sources officielles. Les données naturalistes1, collectées à partir de protocoles scientifiquement référencés, ont présenté les effets néfastes que pourrait avoir l’agrandissement de l’usine. Elles ont d’ailleurs servi d’appui à l’argumentaire des requérants au Tribunal administratif. La faune, la flore de cette zone humide – la Goutte molle – et autres cours d’eau seraient fortement impactés voire détruits.
L’entreprise projette le doublement des prélèvements de bois, surtout de résineux, venant de toute la région à 300 km à la ronde. Il peut même venir de plus loin si besoin. Les Creusois présents à la réunion ont dénoncé le danger qui pointe chez eux, en raison d’un projet de méga-usine à Guéret, Biosyl. Celle-ci cible les feuillus jusqu’à des centaines de kilomètres pour fabriquer des pellets/granulés – bois-énergie. La forêt limousine ne pourra supporter un tel prélèvement, à couvert constant, et le réchauffement climatique ne fait qu’exacerber les conditions météorologiques qui nuisent à la croissance des arbres.
Le collectif citoyen cite dix points noirs
Si la société Farges réussissait à s’agrandir : pollutions non tracées – des eaux en particulier – sans proposition de solutions, transport par camions doublé, peu d’emplois réels créés, dépenses publiques augmentées (entretien des routes, possibilité pour les expropriés ou l’entreprise de demander à être dédommagés par la comcom), pression sur les petites et moyennes scieries du territoire et sur la demande en bois… En fait, le volume de sciage de bois d’œuvre est déjà dépassé par la fabrication de pellets. Fargesbois est une scierie qui est en train de devenir une usine de bois-énergie.
Parmi les deux ou trois élus présents, une seule s’est exprimée, en précisant qu’elle en avait plus appris ce soir-là qu’en deux ans de délibérations au sein du conseil communautaire.
Par JEAN-YVES PORIAN
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