Dans le numéro 45, début 2023, je vous parlais de la mise en place d’un jardin communal à Argentat.
Un potager dont les légumes vont principalement à la cantine des écoles publiques, avec des projets pédagogiques au long cours : visites régulières, désherbage, cueillette…
Depuis deux ans, les enfants se sont attachés au jardinier, Elliot, qui lui-même a appris à travailler avec le chef cuisinier Philippe, tout ça en bonne entente avec l’équipe enseignante. Le jardin commence vraiment à prendre forme.
Mais voilà, le temps plein d’Elliot dépend d’une aide financière temporaire, cette aide est arrivée à son terme, et le contrat avec.
L’État est très clair, il faut « répondre aux enjeux du développement durable, de transition agroécologique et climatique, d’alimentation et de biodiversité », mais apparemment il ne faut pas que ça prenne trop longtemps.
D’après la mairie ce n’est pas la fin du jardin, il suffit de réorganiser les services. Logique, on entend le Gouvernement dire qu’il faut faire des économies, optimiser, rationaliser… Mais jusqu’où peut-on demander toujours plus d’efficacité, de polyvalence à des êtres humains déjà essoufflés ? Construire et penser un jardin maraîcher qui produit et auquel les enfants participent, ça prend du temps, des compétences. De l’expérience et un apprentissage constant sont nécessaires aussi pour coordonner les particularités spécifiques à la ville, au terrain, aux équipes, aux habitants…
Le projet initial comprend le jardin mais aussi une caserne de pompiers et une gendarmerie, réunies sous le titre ronflant de « pôle sécurité », ainsi que la construction d’un lotissement. Là a priori pas de problème de financement. C’est le jardin qui a aidé à faire avaler ce projet pas particulièrement emballant pour la population. Et c’est le jardin qui le premier perd des forces.
Par APRIL O’NEIL