Piles d’assiettes en céramique colorée avec un panneau manuscrit « Cantine solidaire à prix libre », symbole de convivialité et de partage à Uzerche.

À La Calade, une cantine solidaire

Le vendredi 25 avril 2025 vers 18 h 45, rue de la Justice à Uzerche, je me retrouve devant l’Hôtel du Sénéchal, à lire l’affichette de la cantine de ce mois-ci (voir affichette). L’association La Calade1, collectif d’artistes et d’artisans, organise chaque mois un repas dans ses locaux. J’entre.

On sent que ça approche !


Des tables sont déjà installées dans la cour, la première salle d’entrée sert de hall d’accueil et de cuisine-bar ; il est 19 h, la petite équipe finit de s’affairer pour les derniers préparatifs avec les couverts, dehors, et également sur les tables dans une salle attenante.
Flore m’explique que, depuis un an, il y a de plus en plus de participants, de 50 à 80 convives, « On ne sait jamais le nombre précis qu’il va y avoir, il n’y a pas besoin de réserver… Des Uzerchois oui, et des alentours, des nouveaux et des réguliers, des touristes aussi, c’est flagrant l’été. »
Ce sont des bénévoles qui assument les préparatifs, des membres de l’association et d’autres. On peut rejoindre l’équipe en se signalant à l’avance, « Cécile, par exemple, est une passionnée de cuisine et elle habite juste à côté ».
Hop ! Voilà un petit kéfir à la figue que l’on m’offre gentiment (seules les bières ont un prix fixé à l’avance au bar). Antoine a préparé une salade de haricots blancs, herbes aromatiques diverses, radis, pickles… « La cantine a démarré il y a 6 ans, dès l’installation, quand on a loué le bâtiment avant l’achat. Personne ne loge ici, c’est un lieu de travail et d’activités diverses1. Nous habitons à Uzerche ou à proximité. »
Margaux, quant à elle, précise que les légumes proviennent des maraîchers du coin, le sec de l’épicerie d’Hadjila, en bas d’Uzerche, les bières de la Brasserie de la Vézère située à 300 m, les boissons fermentées du collectif Panache de Chamberet et les produits de la grande distribution sont limités au maximum.

Affiche jaune et blanche annonçant la cantine solidaire de l’association La Calade à Uzerche, repas à prix libre le vendredi 25 avril à 19h30.
Affiche de la cantine solidaire organisée par l’association La Calade à Uzerche : un repas à prix libre ouvert à toutes et tous, dans une ambiance conviviale.

Actions de solidarité

Le repas est à prix libre, chacun donne selon ses moyens, ses envies, et peut adhérer à l’association, à prix libre aussi.
Les fonds récoltés à chaque édition de la cantine, quand on a soustrait les frais d’achat des fournitures et ingrédients, vont à des causes diverses. Par exemple : aide aux demandeurs ou déboutés du droit d’asile, soutien au Planning familial de la Corrèze (un des plus ostracisés au niveau national), aide à des amis dans la panade financière…

C’est maintenant le rush

Le self-service commence, il est 20 h et je compte au moins 60 à 70 personnes qui sont assises, boivent l’apéro (bière, jus de pomme ou kéfir) ou font la queue, papotent, bercées par un fond musical tranquille. Elles se retrouvent ou font connaissance, sont assises ou vont s’asseoir, leur assiette et leur petit bol de soupe dans les mains.
Nathan souffle un peu. « Je donne un coup de main mais y’a de plus en plus de monde ! On était à fond la dernière fois, on a besoin de soutien extérieur ! »

Affiché sur le bar qui va servir aussi à la chaîne du self-service, le menu : crumble de légumes et crème de lupin, choux farcis à la polenta, sarrasin et shiitake, coulis de mélisse, salade de haricots blancs, crème d’artichaut, soupe d’orties, crème d’échalote et croustis de la maison.
Plusieurs murs sont tapissés par des dizaines d’affiches, créations originales éditées pour chaque soirée de la cantine. De belles assiettes sont utilisées pour cette occasion, des céramiques fabriquées dans l’atelier. Il n’y en a pas assez pour tout le monde !

Paroles de participants et participantes à la soirée

Est présent un public très mélangé, question âges, origines, des retraités mais beaucoup de jeunes quand même, j’entends parler anglais, un Canadien, des gens viennent régulièrement d’Uzerche et d’autres coins de Corrèze, il y a aussi des vacanciers et des gens d’ailleurs…
« On vient depuis longtemps, oui, oui, on est très contents, La Calade et la cantine, ça fait revivre Uzerche. Quand je pense à cette ville, je pense d’abord à mon chien, puis je pense à La Calade, dit le monsieur canadien. On vit dans la ferme des grands-parents, à Condat-sur-Ganaveix ».
Une autre personne me répond : « Non, je ne suis pas du tout d’Uzerche, j’ai entendu des copains de la Baze parler de l’association d’ici et ils m’ont dit : vas-y, ils vont t’aider, parce que je porte un projet artistique et j’étais toute seule ! Ils m’ont prêté un coin de table et voilà ! »
J’interroge un jeune couple : « C’est la 2e fois qu’on vient, on était là avec ma maman il y a 6 mois, nous sommes étudiants à Toulouse. C’est super ce lieu artistique, et ces ateliers, on est de Tulle, c’est dommage qu’il n’y ait pas ça à Tulle ! »
Un monsieur souriant est prêt à discuter : « Je suis d’Uzerche, je viens très souvent, c’est très convivial et ces jeunes, avec leurs métiers différents, leurs parcours différents, ils sont très actifs et apportent de l’énergie ; ça fait du bien, les gens sont un peu dans l’entre-soi, ici. Musique, B.D., ça apporte de la nouveauté, des métiers qui ne sont pas corréziens. [dixit] Un état d’esprit dynamique et ouvert ».

Le repas tire à sa fin

Les gâteaux sont servis sur la petite table du hall. J’arrive pile-poil à temps pour une scène amusante ; un jeune homme s’approche et intervient auprès d’une personne en train d’entamer un gâteau : « Ouh la la ! Non non ! Sacrilège ! On ne coupe pas le broyé du Poitou au couteau : on casse délicatement les morceaux à la main ». Il habite à 50 m et c’est lui qui a apporté trois grandes galettes encore chaudes préparées chez lui cet après-midi. « Je suis originaire de Poitiers, la recette vient de ma grand-mère, Mamie Francine ». Excellent, le broyé. Voilà comment se termine pour moi une sympathique soirée remplie… d’humanité.

  1. Voir Trousse no 48, octobre 2023, p. 3, présentation du collectif qui a racheté, via une foncière, l’Hôtel du Sénéchal

Par CHRISTOPHE RASTOLL

À consulter également

Les candidats publiquement déclarés à la prochaine présidentielle

Avez-vous lu Comment s’occuper un dimanche d’élection de François Bégaudeau ? Il ne sert à rien de …

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.