Depuis deux ans, j’entends parler de cas de prolapsus suivis d’actes de chirurgie lors de discussions entre copines. « J’ai une copine qui s’est fait poser un « filet » pour pouvoir continuer à courir » ; « moi ma pote l’a fait parce qu’elle ne supportait plus les fuites urinaires »… Ce qui m’étonne le plus, c’est l’âge des femmes concernées : ce sont toutes de jeunes quadras.
Vziooou… le principe du toboggan ?
Il semblerait en effet que les femmes soient plus sujettes au prolapsus passés 40-50 ans.
Sur le site du Centre Universitaire de Marseille, il est dit qu’environ 10 % des femmes risquent de devoir se faire opérer d’un prolapsus dans leur vie. D’après une étude hollandaise¹, près de 40 % des femmes âgées de 45 à 85 ans auraient un prolapsus cliniquement significatif.
Mais de quoi parle-t-on précisément ? Je vois d’ici une panoplie d’images fantasmagoriques envahir vos boîtes crâniennes… Non, il ne s’agit pas de ramasser ses intestins sur la route ! Les éleveuses connaissent bien ce terme, puisque brebis, vaches, et autres femelles mammifères ne sont pas en reste de ce côté-là. Le prolapsus est la descente d’un ou de plusieurs organes du bassin vers l’entrée vaginale.
Les organes concernés peuvent être la vessie, l’utérus, ou encore le rectum. Tout cela pèse sur l’entrée vaginale, et peut faire comme une « boule ». Cela provoque une sensation de pesanteur permanente dans le bas-ventre, des fuites urinaires, et même des douleurs lors des rapports sexuels avec pénétration. Dans le pire des cas, les organes peuvent sortir par le vagin.
De la plaie d’être une gonzesse
Encore une réjouissance dont nous avons le privilège quasi exclusif. Perso, j’ai encore en tête une interview de Gérard Depardieu qui, jeune maman, m’avait épouvantée ; il y racontait la descente d’organes de sa mère à laquelle il avait assisté. En cherchant sur le net, j’ai retrouvé un extrait de sa biographie sur le sujet : « là, tu ne vas pas t’amuser à trier, hein, tu remets le tout bien à l’intérieur comme tu peux, tu mets une couche bien serrée et ça se remet en place petit à petit. » Pas de chichis chez Gégé.
Mais si cette descente spectaculaire est rare, le prolapsus n’est pas réservé qu’aux mères de famille nombreuse faisant un boulot physiquement exigeant.
Cette descente survient lorsque les muscles et ligaments qui forment le plancher pelvien n’arrivent plus à soutenir ces organes. Aussi, le nombre d’accouchements par voie basse ou difficiles y est pour beaucoup, notamment si on a eu des gros bébés (plus de quatre kilos). Mais l’obésité, la ménopause, le relâchement musculaire, un périnée fatigué augmentent aussi les risques de prolapsus, ainsi que des tissus fragiles, même chez les femmes sans enfants.
Que faire ?
En prévention, de la gymnastique pelvienne ! Musclez votre périnée. Si le prolapsus survient, il faut sans tarder faire de la rééducation pelvienne chez un kiné (qui comprend de quoi vous parlez, gare aux abdos catastrophiques) ou une sage-femme, pour éviter que ça empire et stabiliser la descente.
Existe aussi le pessaire : un anneau à garder dans le vagin pour parer à la descente des organes, à utiliser plutôt quand on n’a plus d’activité sexuelle.
La chirurgie doit être utilisée en dernier recours, avec pose de prothèses en tissu pour renforcer le plancher pelvien (le fameux «filet», qui fait office de ligament artificiel), car elle peut soulager les plus touchées, mais présente un grand risque de récidive dans la durée.
Le mot d’ordre est donc : ne faites pas de gosses, ou seulement de moins de trois kilos.
Ah, je peux pas dire ça ?? Bon alors LE mot d’ordre est :
prenez soin de votre périnée ! Évitez les charges trop lourdes, et faites des exercices périnéaux régulièrement… Y’a qu’ça !
1 – étude hollandaise présentée lors du Congrès ICS-IUGA (International Incontinence Society – International Uro-gynecological Association).
Par Sousou