Deux promoteurs en casques de chantier traversent un champ de maïs, imaginant des panneaux solaires à la place des cultures. Illustration satirique des projets agrivoltaïques menaçant les terres agricoles sur le plateau de Millevaches.

Très grands projets agrivoltaïques sur le plateau


Et voilà, cela recommence. Après les éoliennes et leurs démarches d’installations industrielles agressives, la loi d’accélération de la production d’énergies renouvelables (APER) de mars 2023 a lancé les démarcheurs d’« agrivoltaïsme » à la chasse aux terres. Ils arpentent le plateau limousin à la recherche de surfaces pour leurs panneaux. Des terres agricoles, oui, pas des toitures, ni des parkings de tailles si ridicules. Non, des grandes surfaces agricoles. L’État a lâché la meute en course pour l’« agrivoltaïsme » avec des décrets facilitateurs.Donc, allons-y Jeannot !

L’association APNE (association pour la préservation de la nature et de l’environnement) à Alleyrat a listé les projets à l’étude sur le plateau de Millevaches. L’ensemble correspond à une surface de presque 700 hectares (ha). C’est un minimum puisque toutes les surfaces ne sont pas connues (voir encadré). Le chiffre est sans doute plus élevé car il n’y a aucune obligation de déclaration d’étude de projet aux communes ou autres collectivités. Les porteurs de projet sont, comme c’était déjà le cas pour les démarchages de projets éoliens, des grosses entreprises internationales comme RP-Global à Alleyrat. Leurs pratiques de démarchage sont individuelles. Les habitants, eux, découvrent le projet lorsqu’il est bien avancé. Ces installations de panneaux photovoltaïques au sol sont dans la logique verdâtre de l’agrivoltaïsme, ainsi «la loi prévoit que l’agrivoltaïsme garantisse aux paysannes et paysans une production agricole significative alors que le décret accepte une baisse de production pouvant atteindre 10 % sous les panneaux. »

Sur le plateau, la compatibilité avec l’élevage bovin induit des panneaux type trackers (qui traquent le soleil par rotation) perchés sur des pieux en acier de 3,16 mètres de haut et entourés d’une clôture de 2 mètres de haut. Ces panneaux font, parait-il, des retours financiers très agréables aux investisseurs et une ombre très agréable aux bovins. Sachant que l’objet n’est pas de comparer cette ombre avec celle des arbres. Un panneau n’est pas plus agréable que l’arbre pour les animaux mais plus agréable que rien1.

En clair, à ce train, le Parc naturel régional (PNR) va devenir un véritable paysage de l’avancée du progrès industriel : des hectares et des hectares de panneaux hauts et tournants voisinant avec des boisements d’arbres alignés au cordeau jusqu’à leur quarante ans, le bel âge pour la coupe des douglas, parait-il. Plus, ah oui, quelques timbres-poste de tourbière conservés, avec un joli petit chemin de découverte patrimoniale, protégé du soleil par des panneaux sans doute.

Normalement, cela a été écrit par l’ADEME (agence de la transition écologique), les surfaces de bâtiments, parkings délaissés, etc. suffisent à couvrir les besoins énergétiques prévus en photovoltaïque en France. Mais voilà, c’est moins rentable, moins pratique qu’une belle grande surface de 5, 10 ou 150 hectares. L’investisseur souhaite la maximisation du profit et non pas son optimisation. Un recommencement continu, on a agrandi, remembré, mécanisé, drainé, irrigué, engraissé, traité, toujours plus, car c’était plus simple, puis on a recommencé, toujours plus, on fait du maïs pour mettre directement dans les méthaniseurs, on produit des biocarburants, et… on continue ! Pour ? Pour quoi au fait ?

  1. « Le service d’amélioration du bien-être animal mentionné au II de l’article L. 314-36 s’apprécie au regard de l’amélioration du confort thermique des animaux, démontrable par l’observation d’une diminution des températures dans les espaces accessibles aux animaux à l’abri des modules photovoltaïques et par l’apport de services ou de structures améliorant les conditions de vie des animaux. » Décret no2024-318 du 8 avril 2024 relatif au développement de l’agrivoltaïsme.

Les projets agrivoltaïques à l’étude sur le PNR


Afin d’informer les communes du PNR Millevaches et de la communauté de communes de Haute-Corrèze

des projets en cours et de connaître leur positionnement sur ces projets, l’association APNE a envoyé un courrier début septembre à toutes les mairies. (Contact : apne-alleyrat19@orange.fr)

Aix : 18 hectares (ha) – 10 mégawatts (MW)1 et 27 ha – 21 MW
Alleyrat : 70 ha
Bujaleuf, Sainte-Anne-Saint-Priest : 150 ha – 70 MW
Eygurande, Lamazière-Haute : 137 ha
Flayat : surface inconnue
L’Église-aux-Bois : 30 ha
Mansat-la-Courrière : 10-15 MW
Meymac : 47 ha
Saint-Angel : 29 MW
Saint-Agnan-près-Crocq : 30 ha
Saint-Augustin : au-dessus des myrtilles !
Saint-Étienne-aux-Clos : 60 ha – 39 MW
Saint-Fréjoux : 44 ha
Saint-Merd-la-Breuille : 30 ha
Vitrac-sur-Montane, Sarran : 50 ha

1-Unité de puissance électrique valant 1 million de watts


Coup de sang de JULES

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