Match de légumes

On entend parler de l’inflation tous les jours, les prix montent, les salaires stagnent, la précarité augmente, ça fait flipper. Entre les idéaux écolos et le bourrage de crâne médiatique, où acheter nos légumes de qualité au meilleur prix ?

Comparer les prix dans l’alimentaire est un parcours semé d’embûches : paniers, filets, barquettes, dans la grande distribution tout est bon pour éviter l’obligation d’afficher le prix au kilo, sans parler calibrage, labels, origines, et marges variables… Les comparaisons qui suivent ne tiennent donc pas compte des catégories extra, I et II(1), et sont faites en choisissant une grande surface différente à chaque fois(2).

Match n° 1 : Panier paysan(3) contre supermarché :

Mi-septembre mon panier contient une salade, des poivrons, un chou chinois, des tomates et des tomates cerises, un concombre, des betteraves, une botte de coriandre, et des pommes de terre, pour dix euros. Pour environ les mêmes quantités au supermarché de la même ville, le total se monte à vingt-deux euros, soit plus du double en supermarché.

Match n° 2 : Marché contre magasin discount :

Le 13 septembre je reçois un relevé effectué par des producteurs maraîchers, comparant leurs prix (local et bio) et les prix d’un magasin discount. Les produits choisis sont bios mais pas forcément locaux. En moyenne cela revient 36 % moins cher en direct chez le producteur.

Tableau N°1

Match n° 3 : Magasin de vrac contre magasin discount :

Première semaine de décembre j’effectue moi-même le relevé cette fois-ci, dans un magasin de vrac engagé à marge fixe, et dans un magasin discount de la même ville. C’est environ 30 % moins cher dans le magasin de vrac.

Tableau N°2

Palmarès : 3-0 pour l’achat en direct ou dans un magasin engagé, victoire haut la main des producteurs sans difficulté. Les lecteurs font la ola !

Pourtant les adhésions en AMAP (Association pour le Maintien d’une Agriculture Paysanne) baissent de manière nationale(4). D’après le Sénat(5), de nombreux agriculteurs partant à la retraite ne trouvent pas de repreneurs ; en cause notamment l’augmentation du foncier de plus de 50 % en vingt ans. On sait que les petits gestes ne suffiront pas, mais rappelons que nos achats sont politiques. Si nous voulons des produits de qualité et des producteurs locaux il faut leur donner la priorité ; c’est bon pour la santé et pour le porte-monnaie.

APRIL O’NEIL

(1) Biolinéaires, « Rayon fruits et légumes bio : la réglementation au stade de détail », mars-avril 2012 (https://urlr.me/zHy9n).

(2) Les prix d’achat et donc de vente des grandes surfaces dépendent de leurs volumes de ventes et peuvent varier fortement d’un magasin à l’autre.

(3) Les paniers paysans peuvent prendre différentes formes. Il s’agit généralement d’un engagement plus ou moins long entre producteur et consommateur. Le plus souvent, ce dernier ne choisit pas le contenu du panier.

(4) Réseau des AMAP en Île-de-France, « Le renouvellement des contrats dans les AMAP franciliennes », 31 janvier 2022 (https://urlr.me/RbmkK).

(5) Sénat, question-réponse « Reprise des exploitations agricoles », 2019 (http://urlr.me/g8ZtW).

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