Affiche artistique bleue représentant une silhouette humaine remplie de dessins d’enfants avec la question : « Et toi, tu veux quoi dans ton corps, dans ta planète ? ».

La Trousse corrézienne : perte de financement, et après ?

Comme tous les ans, en mars 2024, La Trousse dépose une demande de financement auprès des services de l’État, au titre du fonds de soutien aux médias d’information sociale de proximité. « J’ai le regret de vous informer qu’après examen, votre demande n’a pas été retenue, au regard de la fragilité du modèle de diversification des ressources et l’impossibilité de développer un modèle économique soutenable dans la durée. »

C’est le courrier reçu le 4 décembre 2024 en réponse à notre demande. Car, oui, on reçoit le NON en fin d’année pour l’année en cours : on n’a peut-être pas un modèle économique soutenable, mais on arrive à avoir une année d’avance. Avec un emploi, à temps partiel certes, mais quand même.

Modèle économique soutenable

Ce qui est très drôle, c’est la mention « après examen ». Merci ! Des fois que l’on croirait que nos dossiers ne sont pas examinés. Car en fait, oui, cela a été le cas en 2023… ce qui n’est pas légal. La décision d’attribuer ou non une subvention est certes discrétionnaire, mais il faut tout de même examiner les dossiers déposés. Ce courrier, donc, donne un très joli argumentaire : « fragilité du modèle de diversification des ressources»et« modèle économique non soutenable ». Cela nous fait rigoler. Comme si la presse écrite avait un modèle économique « soutenable » sans aide. La presse est en crise depuis longtemps et elle est soutenue par les pouvoirs publics depuis longtemps également. C’est sûr qu’elle est davantage « soutenable » quand des investisseurs économiques décident de se monter un porte-voix politique en achetant un titre ou un groupe.

Dans le cadre du fonds de proximité, « 131 médias ont été soutenus en 2023, pour un montant de 1,9 million d’euros», soit entre 5 000 € et 20 000 € par média soutenu. Sur la même période, d’autres journaux, plus gros, ont bénéficié d’un soutien direct : « Le ministère de la Culture a versé 22,7 millions d’euros à 374 titres dans le cadre des aides au pluralisme ». Sans doute à des médias qui ont un modèle économique « soutenable »…

La Trousse continue

Nous avons choisi de ne pas déposer de recours juridique : trop énergivore et pas envie d’engager dans cette bataille la trésorerie qu’il nous reste. Depuis 2021, nous n’avons plus obtenu de soutien financier (il a été dit que nous étions « anti-État et anti-système ») dans le cadre du fonds de développement de la vie associative (ce qui occasionne sans doute une perte de « diversification des ressources » !). Nous voici donc sans soutien public.

Fin décembre, après le coup de blues, nous avons décidé de sortir un numéro de huit pages en noir et blanc pour janvier 2025, expliquant la situation. Et nous avons clairement affirmé que nous voulions poursuivre. Au moins tenter. Tout en bénévolat.

Nous avons organisé, en février, une journée de soutien qui nous a remonté le moral : une centaine de personnes sur la journée, une ambiance chaleureuse, l’envie de tous que La Trousse ne disparaisse pas, que l’on continue à porter une autre voix sur la vie locale. Dons, renouvellements et nouveaux abonnements confortent notre (petite) trésorerie et nous engagent dans la poursuite. Merci à tous pour votre présence, votre confiance, votre soutien.

Nous avons différé le numéro d’avril et préparé la sortie du numéro 54 pour fin juin. Nous nous sommes adaptés (réduction du nombre de pages et du nombre de tirages), pour que la vente du journal paie les coûts. On tente, on veut.

Le plus triste dans l’histoire, c’est de savoir qu’il est possible de « faire cela », couper les financements, alors même qu’on répond clairement au cahier des charges, comme pour d’autres associations dans d’autres domaines. Ceci est très bien montré dans le documentaire réalisé par Télé Millevaches.

Ce qui nous attriste encore plus ? C’est que ce ne soit pas assez. Il semble que les majorités actuelles veuillent aller plus loin. On pense à la dénonciation continue, répétée, enflée des OQTF (obligation de quitter le territoire français) sachant que la presse soutenable n’informe que très rarement sur les mécanismes sournois, individualisés, qui les fabriquent. On pense à l’A 69, qui conduit le législateur à voter une loi qui contredit les lois existantes, votées par des législateurs et respectées par le tribunal administratif saisi par des citoyens.

On pourrait citer bien d’autres exemples, car malheureusement c’est loin d’être tout et ça n’a pas l’air de se calmer. Alors, il faut résister, non ?

Par LA TROUSSE CORRÉZIENNE

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