Illustration colorée représentant un paysage stylisé, évoquant la diversité et la beauté du lac de la Triouzoune à travers les saisons, en lien avec les défis de sa préservation et la nécessité de protéger la nature environnante.

Des terres généreuses à la recherche du bon sens

Je rêve d’un monde meilleur, d’un territoire du partage où les expériences se mêlent, où les différences s’estompent. Nous devons progresser collectivement, nous poser les bonnes questions, dialoguer calmement et avancer pas à pas avec courage.

Parcourons en premier lieu le lac de la Triouzoune, de Neuvic à Liginiac et Sérandon. La nature y est rude et fougueuse un jour, délicate et romanesque le lendemain. La lumière est magique, pleine de contrastes, de pureté et de volupté avec des vues féeriques sur le lac. Les deux principales plages de Neuvic et du Maury sont agréables, bien équipées. Le tour du lac devient possible à pied mais le
parcours est essentiellement bitumé, frustrant, à bonne distance des berges ! Il existe un cadre
juridique, la servitude de marchepied, valable pour tout lac domanial : « Tout riverain doit laisser une servitude de passage de 3,25 mètres de large à l’usage des pêcheurs et des piétons ». Une question fondamentale se pose alors : Pourrions nous profiter nous aussi, pour ce lac de barrage, de cette servitude de marchepied afin de nous promener librement sur tout le pourtour ? À terme, un vrai parcours piétonnier s’impose, longeant au besoin les rives, à son niveau le plus haut. Le lac de la Triouzoune a en effet une vertu et une âme !

Son drapeau bleu n’a plus de sens en plein été quand les algues bleues (ou cyanobactéries) réapparaissent avec les fortes chaleurs. Le lac est pollué. Il devrait toujours être animé en été par un débit d’eau régulier. D’après l’étude publiée par Louis-Gilles Francoeur (étude qui pourrait être validée par l’INRAE1), la puissance sans limites des hors-bords et des jet-skis fait remonter les algues dangereuses de leurs 6 mètres de profondeur. En été, elles empêchent la baignade de centaines de familles. Le problème de la sécurité des baigneurs sera de plus en plus présent en raison de l’élévation des températures ; les études confirment le lien entre algues et maladies neurodégénératives ou cancers du foie. Le niveau de pollution devrait désormais être testé plus souvent et plus longtemps, affiché au plus vite pour l’ensemble des zones de baignade, car il peut être différent d’une rive à l’autre. Des technologies ultrasoniques existent : elles créent une couche sonore sur la couche supérieure de l’eau, tuant ainsi les algues. Cependant, elles doivent être adaptées aux algues du lac et couvrir toute sa surface. Qui paiera la facture ? Les pollueurs seront-ils les payeurs ?

Ces moteurs hyper puissants génèrent des nuisances acoustiques insupportables. Comme la plupart des lacs de Corrèze, celui de la Triouzoune a besoin de sérénité et de calme. Les moteurs de plus de 10 CV devraient vite disparaître, quitte à être équipés en attendant de limiteurs de puissance. Ils ne devraient pouvoir accéder aux zones autorisées que par des couloirs balisés, avec un vrai contrôle par la gendarmerie des niveaux sonores et des vitesses. On a pu remarquer l’année dernière des jets-skis partant plein gaz de la plage du Maury et des hors-bords tournant à fond dans des zones interdites. Le bon sens environnemental doit donc retrouver son chemin. Je rêve forcément du Lac d’Annecy, de ces acteurs politiques, de ces riverains qui ont pris le taureau par les cornes en dépolluant le lac avec l’aide de l’INRA et en créant un sentier piéton sécurisé qui le borde presque en totalité. Un dialogue constructif peut donc exister ! Nous devons concevoir des projets de territoires heureux à vivre en respectant le paysage et la biodiversité. De nouvelles voies doivent donc être tracées au service des Corréziens et des touristes.

  1. INRAE : institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement

Par TINA PLUVENC, ex-architecte, enseignant-chercheur

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2 commentaires

  1. Il n’y a pas de sentier bordant le lac d’Annecy et la servitude de marchepied n’y est pas respectée.

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