Comme toutes les nations capitalistes, la France est une maison de verre. Je fais ici référence au vieil adage : « Celui dont la maison est de verre doit se garder de jeter des pierres aux autres. » Lors d’un échange récent, Macron a parlé de reconnaître l’État palestinien. Ceux qui suivent savent que cette action constitue une attaque contre les revendications territoriales des sionistes. Réponse du Premier ministre israélien : « Nous n’accepterons pas de leçons de morale sur la création d’un État palestinien qui mettrait en danger l’existence d’Israël, de la part de ceux qui s’opposent à l’indépendance de la Corse, de la Nouvelle-Calédonie, de la Guyane française et d’autres territoires, dont l’indépendance ne menacerait en rien la France. »
Mais, comme l’eau sur le dos d’un canard, ces critiques ne semblent pas faire broncher les dirigeants ou leurs partisans. Après quelques rires et hochements de tête, l’instant s’estompe dans l’actualité et dans la mémoire collective. Ces antagonismes font partie du jeu politique et ne dérangent en rien. Les riches et les puissants ont doucement habitué le peuple et réussi à créer une grande tolérance à l’hypocrisie. C’est un pilier important dans la création et le maintien d’empires violents et d’inégalités extrêmes et ce, depuis longtemps. Il faut prendre au sérieux son importance dans notre société et s’interroger sur ses origines.
L’hypocrisie est largement cultivée dans nos écoles. Je travaille parfois dans des salles de classe, notamment pour des cours d’anglais. Je vois la propagande sur les murs, ces nombreuses affiches apparemment inoffensives et amusantes dont certains se souviendront toute leur vie. J’ai repéré une affiche en particulier qui présente de manière positive des héros anglophones, des racistes notoires, proactifs dans la destruction du milieu ouvrier tels que Ronald Reagan, Margaret Thatcher et Winston Churchill. Chacun des trois a soutenu un génocide alors qu’il était au pouvoir, respectivement contre les Mayas au Guatemala, les Sikhs et les Bengalis en Inde.
Malgré le fait qu’ils aient activement participé au colonialisme et à l’impérialisme occidental, leurs visages souriants sont imposés au regard de tous. Tout comme de nombreux personnages mis sur des piédestaux, érigés en statues et immortalisés dans le nom des rues. Aujourd’hui, ces affiches sont toujours accrochées aux murs des écoles à travers la France. C’est une forme de validation tacite de la situation politique internationale, de la paupérisation du Sud globale, et des génocides en cours comme en Palestine et au Congo.
Cessons de vivre dans de fragiles maisons de verre, reconnaissons nos torts. Non pas pour se fustiger mais pour s’autoriser à passer à autre chose. Laissons les systèmes d’inégalités extrêmes s’effondrer.
Par PIERRE PARCŒUR