Tas de déchets plastiques avec un message : "Le plastique, c’est comme les antibiotiques, c’est pas automatique, ça ne se recycle pas à l'infini & au-delà", mettant en avant les limites du recyclage et l'impact des plastiques sur l'environnement.

Et pim… le plastique, les 3D et nous

Depuis deux numéros, à La Trousse corrézienne nous nous intéressons au plastique, c’est pratique, c’est féerique. C’est en fait une grande famille de matériaux très divers, très difficiles à recycler, voire impossibles à recycler vraiment. Recycler contient la racine « cycle » et veut présenter un mouvement éternel et positif ; il n’en est rien. Une portion minoritaire de matière peut faire un, deux, ou trois tours et c’est marre, bon pour l’incinération, la décharge ou l’enfouissement discret sous les routes, dans les bâtiments…

Connaissez-vous les 3D ? L’application de cette technique, nos grands-parents en ont vécu un merveilleux exemple avec la cigarette. Il s’agit de « Deny, Delay, Deflect » (en anglais, hein, ça fait sérieux), c’est-à-dire « nier, retarder, faire diversion »1, nier la dangerosité d’une substance, d’un matériau, et les conséquences sanitaires, payer des scientifiques pour trafiquer des données, retarder les décisions, les actions en justice et le vote de textes de loi, détourner l’attention en enlevant tel produit parmi trente composants, en faisant de grandes campagnes de pub… On interdit les pailles jetables. Sans rire.

Nous sommes co-responsables de l’orgie en cours. Dans le grand chaudron de la consommation mondialisée actuelle, quand nous achetons un « produit », c’est-à-dire un contenu, nous achetons et finançons donc la fabrication d’un contenant. Le contenu va chez nous si c’est un objet ou dans notre corps si c’est de la nourriture. Nous le mangeons et le transformons. Ok. Mais je crois qu’il est utile, voire indispensable, de bien réfléchir au fait de savoir si le contenant est comestible ou non. Parce que nous allons, au final, le manger aussi sous forme de micro-fragments, qui envahissent les sols et les aliments eux mêmes, ou le respirer sous forme de micro-particules suspendues dans l’air, qui se retrouvent même dans l’atmosphère des Pyrénées en haute montagne ou dans les sols de la toundra et dans la neige des régions glacées arctiques. Je vais résumer : quand nous achetons un paquet de biscuits emballés dans leurs sachets individuels, ou des légumes sous cellophane, ou un matériel protégé dans son plastique dur, nous nous préparons à l’ingurgiter bientôt, ce plastique, que ce soit nous, ou nos enfants ou nos petits-enfants, par la bouche ou par le nez, à cause des 3D, à cause d’une frénésie économique sans limite, à cause de choix commerciaux et technologiques sans aucun frein démocratique. Que je sache, pour l’instant, on nous offre un code couleur pour le gras-sucré sur les produits alimentaires de grande consommation. Mais par contre analyser et indiquer la teneur en pesticides ou en micro-plastiques, parmi bien d’autres substances toxiques, n’est pas à l’ordre du jour. Et c’est vraiment dommage. Dans le sens des dommages en cours et des risques pour l’avenir. Les normes environnementales sont frontalement attaquées sous prétexte de « simplification » administrative et le cycle de l’enfumage rayonne, il a de très beaux jours devant lui.

  1. Dorothée Moisan, Les plastiqueurs, enquête sur ces industriels qui nous empoisonnent, Kero, 2021, p. 132.

Par CRISSSS

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