Son nom est presque identique dans toutes les langues : Salamandra, en Italien, Espagnol et Polonais, Salamander en Anglais et en Allemand.
Paracelse en faisait l’esprit élémentaire du feu. Relayant d’étranges pouvoirs, François 1er en fit son emblème avant même son accession au trône, en y apposant la devise « nustrico et extinguo » : « Je nourris (le bon feu) et j’éteins (le mauvais) ». C’est de son venin très amer que viennent les légendes lui accordant des pouvoirs surnaturels. Sa simple présence empoissonnerait l’eau des puits ou les fruits des arbres. Son souffle pourrait faire gonfler une personne jusqu’à ce que sa peau éclate. On lui reconnaissait le pouvoir de vivre dans le feu sans s’y consumer. De fait elle pouvait donc être associée à une symbolique de pureté, grâce à sa peau incombustible. Et à l’inverse, son extrême froideur lui donnerait le pouvoir d’éteindre le feu. Dans son Histoire Naturelle, Pline déclarait « la salamandre est si froide qu’elle éteint le feu lorsqu’elle le touche ». Elle serait aussi symbole d’immortalité par son pouvoir de régénération spontanée de ses membres. Ces croyances perdurent un peu en Corrèze. Mais, c’est au crapaud qu’on donne encore la mauvaise image ! La salamandre tachetée présente sur le département échappe heureusement à une mauvaise réputation !
Fin Octobre-début novembre, vous la croiserez à la nuit tombante au détour d’un virage. Car c’est l’époque des amours sous nos climats, et parfois pour retourner vers son lieu de naissance pour se reproduire, elle est obligée de traverser des routes qui font de nous, humains, ses plus dangereux prédateurs ! Son déplacement étant très lent, elle est très vulnérable sur le bitume ou autres chemins traversiers fréquentés par des engins rapides. Malgré qu’elle soit bien représentée sur l’ensemble du territoire corrézien, que ce soit à 90 mètres aussi bien qu’à
1 000 mètres d’altitude, la salamandre demande à être protégée : la modification des forêts, la déforestation de certaines zones, la pollution des eaux, ou la raréfaction des petits habitats aquatiques pourraient mettre en péril son avenir. Elle préfère les endroits sombres (cavités, trous, souches), les boisements de feuillus et mixtes pour vivre et se développer. Les forêts de résineux ne lui plaisent pas (mais ce type de forêt ne favorise pas la biodiversité !). Si l’humidité est suffisante vous pourrez la découvrir de jour dans les sous-bois, près d’une flaque, d’un ruisselet ou sur les bords d’une petite mare, à la recherche de quelques vers de terre, limaces ou araignées. Elles sont infiniment discrètes sauf leur parure ornementée de jaune vif sur fond noir, qui rappelle à ses autres prédateurs (serpents, oiseaux …) la substance toxique qui peut s’échapper des pores de sa peau pour se protéger. De la famille des amphibiens, elle nous renvoie aux temps lointains de la terre conquise par le règne animal : les larves naissent en milieu aquatique puis elles le quittent quand leurs branchies se sont transformées en poumons pour rejoindre le milieu terrestre. La métamorphose dure de 2 à 6 mois. Une femelle peut pondre jusqu’à 50 larves et elles seront peu à atteindre l’âge adulte. Une fois sortie de l’eau, la salamandre n’y retournera que pour donner naissance à ses petits. Durant l’hiver, sans connaître une léthargie profonde, jeunes et adultes mènent une vie ralentie, cachés à l’abri de la terre. Vous ne les reverrez qu’au printemps quand les femelles iront pondre leurs larves dans des endroits propices.
Merci à Jacqueline Gout du CPIE (Centre Permanent d’Initiatives pour l’Environnement de la Corrèze) pour une partie de ces informations – Chargée du suivi des amphibiens dans le cadre de l’Observatoire Massif Central. Contact à Neuvic au 05 55 95 93 79.