Je sors de l’arc républicain
Les petits ministres de la petite république n’ont que ces mots-là à la bouche : il sort de l’arc républicain ! Ça veut dire que, si par le plus grand des hasards, il te prenait d’avoir une idée qui ne fasse pas partie de toutes les idées autorisées qui te sont instillées par les médias, une idée saugrenue du genre : « Vous ne trouvez pas que l’armée israélienne, elle exagère un peu à Gaza ? » Eh bien là, en disant ça, tu sors de l’arc républicain. En fait, la république pour ces petits trous du cul, c’est comme la marelle : ça fait un arc de cercle et, si ton pavé ne tombe pas dans la mare de leur pitoyable marasme, tu sors de l’arc, et ce que tu dis, ça ne compte pas. Tu passes ton tour. Eux, bien entendu, ils sont tous dans l’arc républicain, quand ils te traitent d’antisémite, quand ils repoussent de dix ans l’utilisation du glyphosate et des néonicotinoïdes, quand ils vendent des armes à Israël, quand ils envoient des OQTF et des assignations à résidence avec recours à la force publique à de jeunes gens qui ne demandent rien qu’à travailler, ils ne sortent jamais de l’arc républicain.
Au début, je croyais que c’était une discipline olympique. Mais non. Tiens, à propos d’olympisme, je suis encore une fois sorti de l’arc républicain sans rien dire, sans bouger les oreilles ; simplement en étant resté indifférent aux magnifiques, majestueux, somptueux, inégalables, époustouflants Jeux olympiques que la France nous a organisés cet été ! Ça me fait penser, en Corée du Nord, je me demande, quand tu ne pleures pas à la mort du dictateur, si tu ne sors pas de l’arc républicain. Mais suis-je bête ! Ce n’est pas une république la Corée du Nord, c’est une dictature !
Le sous-commandant Jean Marcos, depuis les déserts spirituels des briques du néant.