Quels sont les tissus écologiques ?
Dans la liste des tissus les plus durables, le chanvre et le coton biologiques sont connus depuis longtemps. Mais ils ne sont pas les seuls. De nos jours, la société de consommation génère d’énormes quantités de déchets par seconde. Développer une économie circulaire qui valorise ces déchets est vital pour notre avenir. C’est pourquoi les tissus en fibres recyclées sont l’une des options les plus intéressantes.
Nylon ou polyester recyclés
Le polyester recyclé est fabriqué à partir de bouteilles en plastique (PET), de déchets de l’industrie textile ou de vieux vêtements. Ces matériaux sont broyés et transformés en fils. Si le polyester vierge est fabriqué à partir de pétrole, l’alternative consistant à utiliser un polyester réalisé à partir de déchets est évidemment plus écologique. Elle consomme moins d’eau, moins d’énergie et moins de ressources naturelles.
Selon Textile Exchange – organisation dont l’objectif est de rendre l’industrie textile plus durable – l’utilisation du polyester recyclé a augmenté de 58 % en 2017. En 2016, il ne représentait que 7 % de l’ensemble du polyester. Ce chiffre bas était dû aux doutes envers sa qualité et à son prix.
Les collants de nylon, vêtement indispensable d’une garde-robe féminine, sont parmi les plus polluants à cause de leur production et de leur vie utile très courte. Le nylon est l’un des polyamides les plus dangereux, car sa production crée de l’oxyde nitreux, un gaz à effet de serre trois-cents fois plus puissant que le dioxyde de carbone. Il existe econyl, créé par la société italienne Aquafil, qui avec des déchets synthétiques tels que les plastiques industriels, les déchets de tissus et les filets de pêche des océans, fabrique un nouveau fil de la même qualité que le nylon vierge. La marque suédoise Swedish Stocking commercialise des collants avec 95 % de nylon recyclé. Mais bien que ces fibres recyclées soient une alternative durable, il faut faire attention au moment de les mettre au lave-linge.
L’acrylique et les microfibres
Dans le lave-linge, de petites particules invisibles – microfibres plastiques – se détachent et atteignent les océans. Une étude de l’Université de Californie révèle qu’une ville comme Berlin dégage chaque jour un volume de microfibres équivalent à cinq-cent-mille sacs en plastique !
En raison de leurs tailles, il est impossible de les collecter et, mangées par les poissons, elles finissent dans la chaîne alimentaire. Il existe quelques solutions : essorage plus faible, laver séparément les vêtements des tissus plus durs car les frottements entre les vêtements dégagent des microfibres… L’ONG allemande STOP ! Micro Waste a développé un sac – le Guppyfriend – pour empêcher ces microfibres de quitter le lave-linge. Il suffit d’y mettre les vêtements acryliques lorsque nous allons les laver.
Les viscoses vs le Lenzing Tencel®
La viscose est une fibre produite à partir de bois, raison pour laquelle elle est souvent vendue comme un produit durable (comme celle du bambou ou du pin), mais c’est en fait l’une des fibres les plus polluantes en raison des produits chimiques utilisés dans sa fabrication, comme la soude caustique.
Dans les années 1980, la société autrichienne Lenzing développe une viscose non polluante (lyocell) appelée Tencel. Le Lenzing Tencel® est produit à partir de forêts gérées de manière durable. La transformation de pulpe de bois en viscose est un processus mécanique, dans lequel on utilise un solvant naturel et non polluant : le monohydrate de N-oxyde de N-méthylmorpholine. Ce solvant ainsi que l’eau nécessaire sont en circuit fermé et sont donc réutilisés. En dehors de cela, les eucalyptus n’ont pas besoin de pesticide et nécessitent très peu d’eau. Il faut cent fois moins d’eau pour produire du Tencel que pour produire du coton. Le résultat est un tissu doux et très polyvalent, qui absorbe bien l’humidité et est donc antibactérien.
Par Manuela Petri