Le changement
Médecin généraliste pratiquant la médecine chinoise, enseignant d’art martial chinois, je vous propose une chronique médicale mêlant médecine occidentale et orientale.
« La seule chose qui ne change jamais, c’est que tout change tout le temps». Proverbe chinois.
Voyons ensemble comment le changement nous bouscule et comment faire pour le vivre plus sereinement.
L’univers est en perpétuel changement et en tant que partie de l’univers nous sommes soumis à d’incessants mouvements, externes comme internes. Ceci nous pousse à nous adapter, à travers des mécanismes psychologiques, neurologiques, hormonaux involontaires qui cherchent à maintenir l’équilibre de notre corps et de notre psychisme.
Parfois c’est notre conscience qui identifie le besoin de changement, à travers une situation qui est vécue comme inconfortable. L’équilibre ne nous satisfait plus, nous ressentons de la souffrance et souhaitons le changement pour nous en libérer.
Mais pour changer, la volonté ou la motivation seule ne suffit pas. Pour illustrer cela, pensez à votre voiture. La motivation c’est la pédale d’accélérateur. Mais sur l’autre pédale, celle de frein, ce sont toutes vos peurs qui appuient. Si vous appuyez sur les deux pédales en même temps, vous n’allez pas avancer, les freins sont plus puissants. Tout en maintenant la motivation (l’accélérateur) il faut relâcher les peurs (le frein). Ces peurs, on doit tout d’abord les identifier, les préciser en détails, pour permettre à notre esprit rationnel de les relativiser, afin de leur faire perdre leur puissance. Parfois on peut mettre en place un cadre rassurant à ce changement que l’on veut, afin de limiter ces peurs.
Quand c’est notre environnement qui change, notre organisme va devoir s’adapter. Le stress est l’ensemble des signes qui vont accompagner ces mécanismes d’adaptation : accélération du cœur, de la respiration, du transit, agitation, sommeil difficile, trouble de l’appétit… Ils sont utiles car ils permettent de mobiliser les ressources de l’individu et rendent ainsi possible le changement. S’il se prolonge dans le temps, le stress peut devenir nocif, car il va épuiser ces ressources. Cela peut arriver quand nous ne trouvons pas les moyens de nous adapter, quand le changement est difficile.
Un bon stress est un stress qui ne dure pas. Tout doit changer, tout le temps. Après un moment de stress, notre organisme a besoin d’un moment de détente. En médecine chinoise cette alternance s’exprime dans le yin et le yang. Yin c’est l’immobilité, yang le mouvement. Notre société valorise le yang, nous devons toujours être à 100 %, voire 200 % ! C’est impossible, et la réponse de la nature à notre boulimie d’activité, c’est le burn-out, la dépression : une phase très yin après trop de yang. Si vous voulez éviter les creux de vagues trop profonds, il faut éviter de monter trop haut, c’est la voie du milieu.
Certaines plantes, dites « adaptogènes » peuvent aider à traverser ces périodes, par exemple le cassis – Ribes nigrum (surtout les bourgeons) et l‘orpin rose – Rhodiola rosea. Elles vont soutenir nos hormones corticotropes, les hormones du stress.
En médecine chinoise on utilise aussi l’acupression pour régulariser la circulation de l’énergie. Vous pouvez vous masser certains points comme le MC6 (pour calmer l’esprit), E36 (pour stimuler l’énergie vitale), RP6 (point de réunion, pour mettre en mouvement), VB20 (pour relier la tête et le cœur).
Bien sûr, il est bon de maintenir une activité physique régulière, si possible en pleine conscience, c’est-à-dire en étant à l’écoute de ses sensations physiques. Comme le dit Christophe André, psychiatre connu pour ses livres, le meilleur moyen de ne pas tourner en rond c’est de marcher. Corps et esprit ne font qu’un. Mettre son corps en mouvement amène le mouvement dans notre mental également.
Pour finir, il est bon de savoir que l’adaptation est une compétence que l’on peut entraîner, à travers des petits changements du quotidien. « Si vous croyez que l’aventure est dangereuse, essayez la routine, c’est mortel ».
Par Dr CUBITUS