Je hais les matins

C’est l’été. La chaleur de la journée se dissipe pour laisser place à une tendre fraîcheur. On s’allonge dans l’herbe. On se réveille dans nos duvets humides de rosée et la nuit laisse la place au jour qui s’installe, timide : c’est l’aurore. Au loin j’aperçois des moutons et un berger. Un berger. L’aurore ? Aurore, berger… AARGH !!!

Je me réveille en nage ! C’est France Info qui me réveille par une interview de … Aurore Bergé !
Aurore Bergé, la ministre déléguée chargée de l’égalité entre les femmes et les hommes. Donc ce matin de fin d’été, j’écoutais Aurore nous dire que le danger du nouveau gouvernement qui allait arriver, le danger donc, c’était la France insoumise ! Pourquoi ? Lance le journaliste. Pourquoi ? Et bien, parce que ! Parce que Quatennens, parce que le Hamas, parce que la laïcité, parce que l’arc républicain (qui n’est pas encore une discipline olympique, mais ça ne saurait tarder). Cette analyse aussi fine et approfondie du danger me laisse sans voix.
Et Aurore de nous expliquer qu’elle a entendu la voix des Français, qu’elle a compris leur souhait de changement, simplement elle voudrait qu’on change tout, mais avec des gens modérés, qui lui parlent poliment, qui ne reviennent pas sur les réformes fondamentales qu’elle et son gouvernement ont mis en place, qu’on change avec, pourquoi pas, soyons fous, les mêmes au pouvoir, et surtout, vous éteindrez la lumière en partant…

C’était un matin d’été, à l’heure où blanchit la campagne, blême de la vacuité des propos de Madame Bergé, qui auraient pu être remplacés par le chant des grillons qui s’éveillent en frottant leurs ailes les unes contre les autres, tel un actionnaire de Total devant les bénéfices engrangés pendant le COVID, un matin de plus.

D’autant qu’à l’heure où j’écris ces lignes nous connaissons le nom du nouveau Premier ministre et j’attends, impatient, mais sans trop y croire, la prise de parole offusquée d’Aurore, ex-ministre également en charge de la lutte contre les discriminations, dénoncer la nomination à ce poste d’un type qui a voté en son temps, contre la dépénalisation de l’homosexualité et contre le remboursement de l’IVG. C’était en 1982, rendez-vous compte jeunes gens !
Alors, il vient d’où le danger ?

Le sous-commandant Jean Marcos, depuis les jungles olympiques