ETTER LYS D’Ingrina

Pour tout vous dire, je suis allé mater les pages internet de différents sites spécialisés dans la musique de fond de garage (grand le garage, hein ! Faut les rentrer les deux batteries, les douze guitares, les dix-huit basses, les micros, les câbles surdimensionnés – faut pas que ça crame – les gorges qui déploient leur part gutturale ;
les amplis, pédales et autres trucs en anglais dans le texte et, bien sûr les soixante packs de bières et putain heureusement, c’est pas des danseuses, ils boivent à la bouteille, pas besoin de la vaisselle de maman !)… Et que disent-ils les sites spécialisés ? Hein ? Eh bien franchement, j’en sais rien, je suis trop vieux, j’ai rien compris ! Les références sont tout droit sorties de soirées fantômes, de scènes cachées par des tonnes de matelas servant d’isolation à des caves dangereusement inflammables, où les groupes les plus in-connaissables se rentrent dedans à coups de riffs tendus comme des strings… C’est pas bien d’avoir des références trop connues, on risquerait de comprendre l’allusion, ce serait ballot. Non, il leur faut les habits noirs de l’underground à l’ancienne mais bariolés de fissures noisy…

Bon ben alors je l’écoute cet album et pour ça il y a bancamp :

Dès la première écoute, le martèlement hypnotique et primal amène mes synapses à travers les prismes d’une adolescence perdue : aux premières écoutes de Killing Joke et de Black Sabbath ; quand je découvrais, coincée entre les deux banquettes d’une vieille Mercos, la cassette « Mob Rules » que mon père avait gagnée en faisant un plein de mazout…

Qu’on s’entende bien, je ne compare en rien les styles mais bien les impressions, les émotions dégagées par la puissance générale de la composition, par la blancheur sombre des impertinences saturées de riffs vivants et louvoyants comme du métal en fusion. Hémochromatose au pays de la nacre.
Ils deviennent grands, sensibles et puissants dans la montée des voix « screamées »… Profondeur apocalyptique et amplifiée par la joyeuse et écrasante basse qui foudroie nos gueules décrépites. J’aime me sentir tomber dans une faille électrique qui sentirait la sueur et le sang. Mais en plus quand ce sang se bat à travers nos propres âmes prises et éprises de vertiges métalliques ; quand en plus, cette sueur se forme aux extrémités noueuses de nos ventres en transe, alors il est temps de mourir un peu pour laisser le son rageur nous envahir et nous bercer – même avec violence ! Il est temps de fermer les yeux sur nos murs pusillanimes et de rouvrir nos pupilles, dilatées par l’enfer des trois guitares, de la basse et des deux batteries, pour mieux ressentir nos pulsations repartir pour une nouvelle jeunesse. Putain que j’aime cet album !

Voilà à quoi ressemble une critique d’Ingrina… Rien d’autre que fermer les yeux avec un bon casque sur la tête et partir faire sa révolution des sens…

Par Pluton 427