Cantons contés
Le 22 mars nous élirons les nouveaux conseillers départementaux. Ils se nommaient auparavant conseillers généraux. Une nouvelle appellation pour un nouveau découpage territorial d’une fonction dorénavant exercée en binôme homme/femme. La division par deux du nombre des cantons permet cette disposition. Une obligation à la parité qui tordra le coup à la domination masculine. Mais la réforme de 2013 change aussi la fonction historique des cantons.
Les départements, au nombre de 83 puis 101, ont été créés au sortir de la Révolution pour permettre d’administrer la Nation et de mettre en œuvre la République. Le découpage est territorial. Il tient peu compte de l’aspect démographique. Un double objectif : offrir à chaque citoyen la possibilité d’accéder aux services de l’État et permettre à ce dernier de mieux contrôler le pays. Chaque département est redécoupé en entités appelées cantons. Ils comportent tout deux un chef lieu, qui est souvent la plus grosse ville. La légende raconte que les contours des départements et des cantons ont été dessinés afin que ceux-ci soient accessibles en tout point en moins d’une journée, respectivement à cheval et à pied. La proposition de l’époque était de mettre gratuitement à disposition de chaque citoyen une perception, une gendarmerie, une brigade de pompiers et une justice de paix. Les juges de paix étaient élus. Ils avaient pour principale mission de régler par la conciliation les litiges de la vie quotidienne. La cinquième République a mis fin à cette disposition avec la création des tribunaux d’instance, plus éloignés.
Aujourd’hui c’est l’entité même du canton qui est remise en cause, accusée d’être en sur-épaisseur dans le vocable putatif de « millefeuille ». Dénigré, il ne serait plus qu’un tremplin politique pour propulser les notables locaux vers le pouvoir national. Et pourtant, peu adapté à l’urbain, il a pris sens dans les campagnes. Dans bien des contrées, le chef-lieu s’est adjoint à ses attributions historiques d’autres services : médecin, pharmacien, commerces… Et, par l’effet de désertion des petites communes, il a souvent hérité de l’école et du magasin d’alimentation. Force est de constater qu’il est devenu, au fil du temps, bassin de vie. Mais, la logique démographique adoptée en 2013 ignore cette réalité. Dommage. A l’échelle de nos campagne, le canton pourrait être le bon espace de cohérence pour penser et mettre en œuvre le développement local et la gestion du bien commun. Mais l’histoire n’est pas finie, d’autres révolutions sont à venir…
1 – seulement 13% de femmes élues conseillères générales avant les élections 2015